Impact des données ouvertes 3/6

Publié le 14 octobre 2024

Quel est l’impact des données ouvertes sur l’environnement ?

Dans le cadre de ses missions, l’équipe de data.gouv.fr mène des travaux sur la mesure de l’impact de l’open data.

Nous avons récemment réalisé une étude pour documenter et analyser cet impact, selon les quatre dimensions identifiées par l’Open Data Maturity report (ODM) :

  • Impact gouvernemental ;
  • Impact social ;
  • Impact économique ;
  • Impact environnemental.

La suite de cette série d’articles présente l’impact des données ouvertes dans chacun de ces domaines. Après une revue de l’impact gouvernemental, nous vous proposons de poursuivre avec l’impact de l’open data sur l’environnement.

Qu’entend-on par impact environnemental ?

En 2020, les données ouvertes auraient permis d’économiser 2 550 heures passées à trouver un parking et de réduire la consommation d’énergie de 16% dans l’Union européenne (Open Data Maturity Report 2023). Ainsi, les retombées de l’open data sur l’environnement ont été largement explorées et peuvent concerner :

  • La biodiversité ;
  • L’urbanisme durable ;
  • Le changement climatique et les catastrophes associées ;
  • La consommation d’énergie et la transition vers les énergies renouvelables.

Parmi les données les plus emblématiques de la thématique figurent notamment :

Dans le cadre de notre étude, les quatre aspects susmentionnés ont été mesurés en examinant :

  • Les résultats directs de la mise à disposition des données ouvertes dans ce domaine ;
  • Les effets à moyen et long terme.

Quels résultats directs ?

Les résultats directs induits par les données ouvertes couvrent :

  • L’intérêt pour les jeux de données de la thématique ;
  • Les utilisations directes des données.

Ces deux volets sont mesurés au moyen d’indicateurs comme le nombre de vues sur les jeux de données de la thématique, le nombre de téléchargements, le nombre de réutilisations, etc. et quantifiés à partir des métriques de la plateforme data.gouv.fr.

La catégorie “Environnement” englobe 19 369 jeux de données sur data.gouv.fr, comptabilisant au total 43,7 millions de vues et plus de 105,6 millions de téléchargements (statistiques pour la période été 2023-été 2024).

Nombre de vues des données de la catégorie environnement

Nombre de téléchargements des données de la catégorie environnement

Ces jeux de données font l’objet de nombreuses interactions, avec 3781 discussions recensées sur la même période. En 2023, 1034 nouveaux jeux de données se rapportant à cette catégorie ont été publiés, indiquant un flux constant de mises à jour et de nouvelles données mises à disposition du public.

A ce jour, 1147 réutilisations ont été référencées sur data.gouv.fr comme se rapportant à la catégorie “Environnement”, avec 216 nouvelles réutilisations publiées en 2023. Elles ont été consultées près de 6,4 millions de fois pendant la période étudiée.

Note méthodologique : Ces statistiques ont été obtenues à partir d’un travail de thématisation du catalogue de données de la plateforme data.gouv.fr.
Bien que cette catégorisation soit intéressante, il est important de garder en tête les limites de l’exercice lors de l’analyse :

  • Certains jeux de données peuvent appartenir à plusieurs thèmes ;
  • Tous les jeux de données n’ont pas la même valeur : certains présentent un potentiel d’impact important et constituent de grands volumes de données, quand d’autres ne consistent parfois qu’en une seule ligne.

Cette analyse quantitative doit ainsi nécessairement être complétée d’une étude qualitative.

Quel impact à moyen et long terme ?

La connaissance des effets à moyen et long terme des données ouvertes passe par l’examen minutieux de cas d’usage pour en comprendre les services proposés, les données utilisées et en révéler les impacts.

Les exemples d’usage examinés dans notre étude permettent de rendre compte de ces effets sur l’environnement. Il s’agit ici de vous permettre de les apprécier en les présentant succinctement.

Biodiversité

Un premier cas d’usage illustre l’effet des données ouvertes sur la préservation de la biodiversité :

Mon Diagnostic Artificialisation

Mon Diagnostic Artificialisation est un service public numérique (Ministère de la transition écologique) qui aide les acteurs de l’aménagement à suivre la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers et l’artificialisation des sols de leur territoire. Il propose, à l’aide de visualisations et de calculs effectués à partir des données OCS GE et « Consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers » :

  • d’analyser la consommation d’espaces des 10 dernières années ;
  • d’estimer la potentielle trajectoire à horizon 2031.

L’outil entend favoriser la maîtrise de la consommation d’espaces et la réduction des surfaces artificialisées, indispensables dans une démarche de préservation de la biodiversité. 60 559 diagnostics ont déjà été consultés et 7 513 téléchargés par des collectivités, services de l’Etat, acteurs de l’aménagement et citoyens.

Diagnostic de l'Indre sur Mon Diagnostic Artificialisation
Diagnostic de l'Indre sur Mon Diagnostic Artificialisation

Urbanisme durable

Sur l’urbanisme durable, nous nous sommes attardés sur 2 usages :

Registre de preuve de covoiturage

Conçu par le ministère de la transition écologique, Registre de preuve de covoiturage (RPC) aide les territoires à inciter la pratique du covoiturage courte distance. A partir d’un registre de preuve agrégeant les trajets réalisés en covoiturage (ouvert) et leur certification, il facilite la distribution des incitations à la pratique. Le service accompagne ainsi le déploiement des politiques publiques permettant de développer le covoiturage quotidien, ce qui répond à plusieurs enjeux :

  • Enjeux environnementaux : chaque kilomètre covoituré par passager permet d’éviter l’émission de 195g CO2 équivalent (Ademe) ;
  • Enjeux économiques et sociaux : le covoiturage constitue une solution pour les 13 millions de français en situation de « précarité mobilité ».

Depuis 2019 :

  • 20 303 882 trajets y ont été enregistrés ;
  • 7,4 millions de trajets incités étaient issus de campagnes paramétrées sur le RPC ;
  • Avec en moyenne 2,21 personnes par véhicule.

Analyse et prédiction des flux piétons dans un pôle de transport multimodal à partir de données multi-sources

Ces travaux de recherche ont mobilisé des données ouvertes de mobilité pour comprendre la dynamique des flux piétons dans les espaces de transport du quartier de la Défense et prévoir l’affluence à court terme. Ces prévisions pourraient permettre d’enrichir l’information voyageurs pour les usagers des transports collectifs ou permettre une régulation « à la demande » de l’offre de transport, guidant ainsi leur usage.

Le changement climatique et les catastrophes associées

Les exemples abondent concernant l’usage des données ouvertes dans l’adaptation au changement climatiques. Nous en avons retenu 3 pour être examinés :

Pyronear

Pyronear est une association qui, avec un objectif de démocratiser des solutions ouvertes de lutte contre les incendies de forêt, travaille au développement d’un score de risque de feu de forêt. Elle utilise pour cela de nombreuses données ouvertes (données météorologiques, indice d’humidité des sols, base de données sur les incendies de forêts en France, etc.). Ce score de risque entend permettre une détection précoce des incendies, pour une intervention plus rapide et plus efficace des services d’incendie et de secours.

Description de la solution Pyronear
Description de la solution Pyronear

VigiFrance

VigiFrance est un projet personnel porté par un citoyen. L’outil centralise et synthétise un ensemble de données ouvertes relatives aux risques (naturels, technologiques et sanitaires) pour permettre d’accéder rapidement à une information claire et localisée. Il intègre par exemple les données sur la qualité de l’air d’Atmo France, la Base Adresse Nationale ou les données de vigilance de Météo-France. Les citoyennes et citoyens sont ainsi en mesure de suivre l’évolution des risques près de leur position, de rester informés lors d’une catastrophe et d’adopter les comportements adéquats.

Des projets réalisés au cours du Hackathon Données Ouvertes Météo-France

L’équipe de data.gouv.fr, conjointement avec Météo-France, a organisé un hackathon sur les données publiques météorologiques en avril 2024. Durant cet événement, de nombreux projets en lien avec le changement climatique ont été développés :

  • OpenGustMap : Estimation de la vitesse de vent observée en tout endroit et à toute heure dans le passé, pour permettre à un assuré de faire valoir ses droits au titre de la garantie tempête ;
  • Franceinfo : Comparaison de la météo du jour à l’historique des températures des dernières décennies en Outre-Mer ;
  • ClimateViz : Plateforme grand public de création d’indicateurs paramétrables sur les données d’historiques météo et de prévision climatique ;
  • SafeCoast : Alertes et analyses d’événements extrêmes sur les stations d’observation pour une meilleure protection des côtes françaises ;
  • Voyageurs du climat : Outil d’exploration qui permet d’observer l’évolution en France de phénomènes météorologiques et de comparer certains indicateurs dans le temps.

La consommation d’énergie et la transition vers les énergies renouvelables

Sur la thématique « consommation d’énergie et transition vers les énergies renouvelables », nous nous sommes intéressés à une application en particulier :

Nos Gestes Climat

Nos Gestes Climat, conçu par l’Ademe, permet à tout citoyen de comprendre son empreinte carbone de consommation. Ses fonctionnalités, développés à partir des données de la base carbone, incluent :

  • Le calcul de son empreinte carbone individuelle par grande catégorie de consommation (alimentation, transport, logement, etc.) ;
  • La présentation de moyens d’action concrets pour la réduire, personnalisés à ses usages.

Le service favorise le passage à l’action pour une réduction des activités émettrices de gaz à effet de serre. Il a déjà enregistré 5 994 067 visites et 1 729 393 simulations terminées.

Aperçu de Nos Gestes Climat
Aperçu de Nos Gestes Climat

L’exploration de l’impact de l’open data continue la semaine prochaine avec l’impact social !